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BRANTHÔME.

On retrouve dans Branthôme les descendants de ce gamin irrévérencieux, et nombreuse est encore sa postérité. Elle a ses bons comme ses mauvais côtés, et n’est jamais pire que lorsqu’elle est sans chef pour lui montrer un noble but. Au xvie siècle, la France n’avait point de chef ; si les lois ne faisaient faute, il n’y avait personne pour les faire exécuter. Le manque de sécurité, obligeant chacun à pourvoir à sa propre défense, explique, sans les justifier, une grande partie des crimes de cette époque. Avoir un ennemi, c’était alors courir le risque continuel d’un guet-apens, et, pour s’en garantir, on cherchait à gagner son adversaire de vitesse. Le duel, qui commençait à être très-fréquent, et qui remplaçait les combats judiciaires ou autorisés par le souverain, le duel eût été un adoucissement à cette pratique de l’assassinat ; mais on voit par ce qu’en dit Branthôme, que les casuistes courtisans étaient fort indulgents sur cet article, et lui-même, qui montre une délicatesse singulière en matière d’honneur, ne condamne pas formellement le duelliste qui s’arrange pour mettre toutes les chances de son côté. Il est évident qu’à la fin du xvie siècle on ne se battait pas comme aujourd’hui, pour prouver qu’on fait plus de cas de l’o-