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BRANTHÔME.

fidélité ne s’était jamais démentie, et il avait rendu de véritables services en conservant au roi une province souvent menacée par l’ennemi. Branthôme demanda à Henri III la survivance de la charge de sénéchal du Périgord pour son neveu, le fils d’André de Bourdeilles, garçon âgé de neuf ans à peine. Il est assez difficile de le croire lorsqu’il nous dit qu’il n’ambitionnait pas cette charge pour lui-même « et qu’il s’en souciait comme d’une prune (tridet). » Il prétendait seulement, assure-t-il, garder la charge pour son neveu, par respect pour les droits de la branche aînée, de même que plus tard, en s’attachant à la veuve d’André et l’empêchant de contracter un nouveau mariage, il conserva dans sa famille les biens considérables de cette dame. Quoi qu’il en soit, le roi comprit qu’il était impossible de confier une charge importante à un enfant de neuf ans, et il dit à Branthôme qu’il la lui donnerait à lui-même, ajoutant obligeamment que plus tard il lui permettrait de s’en défaire en faveur de son neveu. Peu de jours après, au moment d’expédier le brevet, le roi apprit qu’André de Bourdeilles avait déjà disposé de la sénéchaussée de Périgord en faveur de son gendre, le vicomte d’Aubeterre. Il avait élevé ce gentilhomme, fils d’un chef