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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

des amis partout et était beau parleur. Pendant une trêve qui suivit l’assaut repoussé par les Rochellois, les assiégés plantèrent sur un de leurs bastions six drapeaux enlevés par eux aux troupes royales, comme pour les défier d’aller les reprendre. Branthôme persuada aux Rochellois de faire disparaître ces trophées, qui exaspéraient les soldats catholiques et qui pouvaient empêcher un accommodement : car, malgré les assauts et les sorties continuels, on traitait toujours. Le siége finit enfin par un traité médiocrement honorable pour l’armée assiégeante.

La paix ramena Branthôme à la cour, où nous le retrouvons assidu auprès de la reine-mère, auprès du jeune duc de Guise, accueilli par eux comme un homme aimable et un ami sûr, mais aussi comme un homme sans importance. On ne parvenait guère à cette époque qu’en se faisant craindre.

En 1574, il alla au-devant de Henri III, qui laissait le trône de Pologne pour celui de France, le rejoignit à Lyon et eut l’honneur de le débotter. Cependant la guerre civile s’était rallumée dans le Midi ; tandis que les royalistes faisaient le siége de Lusignan, Branthôme fut dépêché de Lyon en Saintonge auprès de Lanoue, son ami, chef des réfor-