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BRANTHÔME.

grands tous les deux, tous les deux courtisés par Branthôme et protecteurs fort tièdes à son endroit.

Le siége de la Rochelle, dernier asile des réformés après la Saint-Barthélemy, tira Branthôme de sa retraite. Il en a parlé longuement, et s’y montre commensal de Strozzi, qui commandait les gardes françaises, et familier de Monsieur et du duc de Guise, alors liés d’une étroite amitié. Le siége fut, comme on sait, long et pénible, surtout pour l’armée royale. Branthôme y revit Henri IV, espèce d’otage qu’on menait combattre contre ses anciens amis. Notre auteur lui prêta la première arquebuse qu’il eût tirée sur des Français. Très-probablement Branthôme n’y entendait pas malice, mais le duc de Guise et Monsieur étaient charmés de compromettre ainsi leur prisonnier. De son côté, Henri IV aimait la poudre et tirait pour tirer. On tenta une escalade sur une brèche mal faite, et Strozzi, qui commandait l’attaque, fut culbuté dans le fossé. Branthôme, qui le suivait à quelques échelons de distance, aida à le retirer de dessous les morts et les pierres éboulées. Il reçut dans cette affaire plusieurs arquebusades dans son armure. Une autre fois il fut couvert du sang et de la cervelle d’un de ses camarades, atteint d’un boulet. Il avait