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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

sez entendu en matière de navigation. Cet armement le retint à Brouage pendant une partie des années 1571 et 1572, et il eut le bonheur de ne pas voir la Saint-Barthélemy. Pendant qu’il s’occupait à Brouage des affaires de Strozzi, celui-ci se conduisit mal à son égard, et Branthôme, d’ailleurs sans s’expliquer catégoriquement, l’accuse d’avoir trahi les lois de l’amitié. Quelques biographes ont cru que, pendant que notre auteur était à Brouage, Strozzi cherchait à épouser madame de Bourdeilles, sa belle-sœur. Il se peut qu’il lui fit la cour, mais l’épouser était impossible, car André de Bourdeilles, frère de Branthôme, était encore vivant. Ce qui paraît incontestable, c’est que Strozzi, fort égoïste, ne s’occupait nullement de la fortune de son ami ; il en exigeait beaucoup, et ne le payait pas de retour. Dans un moment de dépit, Branthôme voulut quitter Brouage et s’engager dans l’armée de don Juan d’Autriche, pour la campagne navale qui se termina par la bataille de Lépante, mais Strozzi lui fit faire commandement par le roi de demeurer en France. Branthôme nous dit qu’à cette époque il avait à se plaindre d’un grand, qu’il ne nomme point ; on hésite entre Monsieur (Henri III) et le duc de Guise,