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BRANTHÔME.

la ville, et de lui garantir la possession de cette charge à la paix, selon l’usage du temps, où tous les traités commençaient par des stipulations en faveur des transfuges. Branthôme refusa nettement, mais sans se brouiller avec Theligny, circonstance qui ne diminue en rien le mérite de son action, mais qui peint le désordre d’un temps où sans se déshonorer on pouvait faire des propositions semblables. La paix qu’on appela si justement la Malassise fut conclue, et Branthôme revint à la cour, où il fut nommé gentilhomme ordinaire du roi. Il assistait en cette qualité à une espèce de petite guerre sur la Seine, où plusieurs barques assaillaient une galère montée par le roi. Bien que le combat se livrât d’après un programme réglé d’avance, les accidents ne pouvaient manquer en ce jeu de mains. Le baron de Montesquiou, capitaine des gardes du duc d’Anjou, poussé dans l’eau par Fervacques, se serait noyé sans Branthôme, qui le saisit et le tira dans la galère. On sait quelle influence eut ce petit événement. Quelques mois plus tard, Montesquiou assassinait le prince de Condé à Jarnac. Il appelait toujours Branthôme son père, qui n’était pas trop embarrassé d’avoir un tel fils.

Les troisièmes guerres civiles éclatèrent en 1569.