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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

à la France pour obtenir des secours. Le gouvernement de Catherine avait des traités avec la Porte, et depuis François Ier on s’était accoutumé à la regarder comme une alliée utile. Mais cette politique était hautement blâmée par la jeune noblesse, et les plus grands personnages de l’État ne s’y soumettaient eux-mêmes qu’avec répugnance. Catholiques ou protestants, nombre de jeunes gentilshommes, tout pleins des souvenirs des croisades, partaient pour Malte comme volontaires, brûlant de batailler contre les infidèles. Philippe Strozzi, entre autres, commandant le régiment des gardes, obtint un congé, sans prendre beaucoup de peine pour cacher la manière dont il voulait l’employer. Branthôme, son frère cadet, le baron d’Ardelay, M. de Brissac, le fils du maréchal, et quelques autres, se mirent de la partie, et tous ensemble se cotisèrent pour lever un régiment de 8 à 900 hommes, vieux soldats qu’ils prirent à leur solde et dont ils se partagèrent le commandement. Tandis que les soldats étaient dirigés par mer vers la Sicile, où était le rendez-vous général de l’expédition, Branthôme, avec ses amis, traversa l’Italie pour les rejoindre. Il s’arrêta d’abord à Milan, et s’équipa avec tout le luxe possible dans cette ville, très-re-