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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

plus distinguées de ce temps par l’élégance de ses manières et les grâces de son esprit. À bord de la galère du grand prieur, Branthôme essuya une violente tempête à la hauteur de Livourne, et il ne paraît pas éloigné de croire que la bourrasque leur fut attirée par les blasphèmes d’un capitaine génois qui s’en prenait au ciel de ses pertes de jeu.

Nous le retrouvons en France, à la cour, en 1560, sans emploi, mais familier de la maison de Guise, alors toute-puissante. Il était à Amboise au moment où éclata la conjuration tramée par la Renaudie, et rapporte à ce sujet plusieurs anecdotes intéressantes sur ce chef audacieux, encore si mal connu.

En 1561, il accompagna en Écosse le grand prieur, qui ramenait Marie Stuart, désolée de quitter la France. Il se trouva sur la galère où cette reine était embarquée, ainsi que Chastelard, et vit commencer la passion qui mena ce pauvre gentilhomme à l’échafaud. Après avoir pris congé de la reine d’Écosse, il s’arrêta à Londres, et fut présenté à Élisabeth, dont il admira la beauté et le grand air. De retour en France la même année, il s’étonna fort de trouver les protestants devenus hardis et se vantant presque tout haut d’avoir pris part à la conjuration d’Amboise. Il n’était pas difficile de