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BRANTHÔME.

Elle lui « jetait dans les yeux du laict de ses beaux et blancs tetins, car elle n’avait que trente ans, et de ses blanches mains lui oignait le visage de quelque graisse composée par elle. » C’était le commencement d’un joli roman ; mais il n’eut pas de suite, ou la modestie de notre auteur ne nous l’a pas révélée.

Bien guéri, Branthôme parcourut l’Italie, et fut bon ménager de ses 500 écus d’or, car il fit de longs séjours à Rome, à Milan, à Ferrare et dans d’autres villes. À l’exemple d’Ulysse, « il voyait les cités et observait les mœurs des hommes, » questionnait beaucoup, et partout se faisait montrer les différentes façons de faire la guerre et l’amour. Ce fut dans ce voyage qu’il se lia d’amitié avec Philippe Strozzi, et qu’il s’attacha au grand prieur de France, François de Guise, général des galères. Branthôme était neveu de la Chastaigneraie, celui qui fut tué en duel par Jarnac, et sa parenté avec un homme que les princes de la maison de Lorraine avaient fort aimé lui fut une excellente recommandation auprès du grand prieur. Il le suivit à Naples en 1559, où il vit la cour brillante du vice-roi, le duc d’Alcala, et les salons de Marie d’Aragon, veuve du fameux marquis del Vasto, une des femmes les