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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

avec le baron d’Aubeterre, autre réfugié protestant, voisin de Branthôme, et un des plus zélés calvinistes du Périgord. Genève était l’asile de la plupart des Français persécutés pour leurs opinions religieuses. Branthôme y rencontra, entre autres, un apothicaire de Paris, qui édifiait les Genevois par sa piété, après s’être rendu célèbre par son adresse à tirer d’embarras les filles qui avaient fait quelque sottise.

Selon toute apparence, les gentilshommes de la suite de Branthôme avaient pour mission de ne pas l’exposer aux occasions trop périlleuses ; il fut cependant blessé à Portofino, près de Gènes, par ce qu’il appelle « un accident d’arquebusade au visage, » que ses biographes ont pris pour une blessure reçue sur le champ de bataille. Mais, outre qu’on ne connaît pas de combat livré en cet endroit, il est fort rare qu’un coup de feu au visage ne soit pas une blessure grave ; or, il en fut quitte pour être six jours aveugle. Il est évident qu’il s’agit ici d’une arquebusade à poudre et d’un accident pendant quelque exercice militaire. Rien de plus fréquent, alors que les soldats chargeaient leur arme en tenant entre leurs doigts une mèche allumée. Une belle Génoise le guérit promptement et gracieusement.