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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

Navarre mourut en bonne catholique ; nous aimons à le croire, quoiqu’il fût bien jeune pour en juger et qu’à aucune époque de sa vie il n’ait été une bonne caution en matière religieuse. Peut-être dans la petite cour lettrée de Marguerite reçut-il, tout enfant, des leçons de tolérance dont il profita bien. Très-probablement il y prit ce goût pour la lecture et les amusements de l’esprit qui nous a valu ses ouvrages.

Sa famille ayant quitté la Navarre pour retourner en Périgord, il fit ou acheva ses humanités à Poitiers, école illustre alors, où il apprit plus de latin que n’en savait un gentilhomme à cette époque. Cela ne veut pas dire qu’il en sût beaucoup, mais il était en état de citer quelques vers dans l’occasion, et de traduire pour les dames, à la cavalière, des inscriptions latines et des passages d’auteurs classiques. On le destinait à l’Église, et, tout enfant, il avait des bénéfices : le doyenné de Saint-Yrieix et les prieurés de Royan et de Saint-Vivien. C’étaient des bénéfices de famille, qui se transmettaient. En 1553, la mort de Jean de Bourdeilles, son frère aîné, tué bravement au siége de Hesdin, attira sur sa famille les faveurs de Henri II, qui donna à notre auteur, âgé d’environ seize ans,