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CERVANTES.

bergère. On les enjolivait et on les allongeait avec deux ou trois intermèdes, La Négresse, quelquefois l’Entremetteur, ou le Niais ou le Biscayen ; ces quatre rôles et quelques autres, voilà ce que Lope rendait avec un talent et une vérité que l’on ne peut imaginer. Dans ce temps il n’y avait ni décorations, ni duels de Mores et de chrétiens : point de figures qui sortissent, ou qui semblassent sortir de terre, au moyen d’une trappe sur la scène. Celle-ci n’était formée que de quatre bancs mis en carré avec cinq ou six planches par-dessus, ce qui élevait les acteurs à un pied du sol. Encore moins voyait-on descendre du ciel des nuées, avec des anges ou des esprits. Tout l’ornement du théâtre consistait dans une vieille mante que l’on tirait de côté avec une ficelle, et cela tenait lieu de coulisses et de foyer. Derrière étaient les musiciens qui chantaient sans guitare quelque vieille romance. Lope de Rueda mourut, et comme c’était un homme de mérite et de réputation, on l’enterra dans la grande église de Cordoue (où il mourut), entre les deux chœurs, à côté de ce fou fameux, Luis Lopez. À Lope de Rueda succéda Naharro, natif de Tolède, lequel fut célèbre pour un rôle d’entre-