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ALEXANDRE DU SOMMERARD.

de nos aïeux en étudiant leurs meubles, leurs ustensiles, leurs procédés de fabrication, mais encore il reconnut qu’il a existé à toutes les époques des ouvriers modestes, dignes du nom d’artistes, et dont les productions révèlent le goût et quelquefois le génie. Découvrir leurs ouvrages, en faire ressortir les qualités, les proposer comme des modèles à nos fabricants, devint pour Du Sommerard une constante préoccupation. Rendu à la vie civile et attaché à la Cour des Comptes, d’abord en qualité de référendaire, puis de conseiller, il employa tous ses loisirs et la plus grande partie d’une fortune modeste à réunir, classer et publier une collection d’objets d’art du moyen âge et de la Renaissance. Chaque jour son cabinet s’enrichissait de meubles, de vases, d’ustensiles de toute espèce qu’il arrachait aux destructeurs ; car, pendant longtemps, il fut presque le seul qui s’occupât à Paris de recueillir ces curiosités si recherchées aujourd’hui. Peu à peu il eut des imitateurs, et bientôt des envieux. Personne ne visitait cette riche collection sans perdre quelques préjugés, sans gagner quelque instruction utile. Toujours prêt à répondre aux questions des gens de goût et même à celles des curieux indiscrets. Du Sommerard faisait les honneurs de son cabinet