il créa encore un théâtre de société à Nevers, recruta ses comédiens dans toutes les maisons, leur apprit leur métier en moins de rien, et obligea des provinciaux à s’amuser et à être amusants. Quelques années plus tard, nous le retrouvons établi à Paris pour n’en plus sortir, et cette fois à la tête d’une troupe qui, dit-on, n’avait point d’égale. On se réunissait dans le salon de M. Roger, secrétaire général des postes. M. et Mme Mennechet, M. Auger, de l’Académie française, Mme Auger, étaient ses premiers sujets. L’auditoire, peu nombreux, était digne de comprendre de tels acteurs. Les représentations se succédaient, et le spectacle était toujours varié. Cependant l’idée de publier ses proverbes était encore loin de la pensée de M. Leclercq, qui s’imaginait que des dialogues si vifs et si spirituels ne pouvaient se passer du jeu de ses acteurs. Il fallut, pour le décider à se faire imprimer, que le public fût déjà plus qu’à moitié dans sa confidence. Bien des indiscrétions avaient été commises. Des acteurs montraient leurs rôles, on citait maints traits charmants dans les salons, des auteurs comiques empruntaient sans façon sujet et dialogue, et croyaient avoir tout inventé lorsqu’ils avaient changé le titre de proverbe en celui de vaudeville
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THÉODORE LECLERCQ.