geur infatigable, vous êtes allé étudier dans la savante Allemagne, et jusque dans la Scandinavie, les traditions et les antiques croyances des peuples qui, après avoir renversé l’empire romain, inondèrent la Gaule et modifièrent ses mœurs, sa langue et sa nationalité même. Auprès des plus beaux génies de l’Allemagne, vous avez admiré leur liberté et leur audace, mais vous avez remarqué en même temps les exagérations et les témérités de leur école. Des poëtes du Nord vous doivent une célébrité que leurs langues ignorées semblaient séparer, comme les Bretons de Virgile, du reste de l’univers. La belle Italie vous a retenu longtemps ; vous nous avez décrit Rome en artiste, en antiquaire, en historien ; sur les traces du chantre sublime du moyen âge, vous avez recherché, dans tous les lieux qu’habita le Dante, les sources de ses divines inspirations. Vous l’avez dit, monsieur, on ne comprend pas bien le coloris d’un poëte, si l’on ne connaît son soleil. J’ai appris avec vous, en Grèce et en Asie-Mineure, qu’il n’y a pas de soleil assez ardent pour vous décourager dans vos explorations. Tour à tour vous avez parcouru la Béotie, que ceint de toutes parts un mur de rochers stériles, et la riante Ionie, aux riches plaines, aux montagnes
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J. J. AMPÈRE.