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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

l’Empire. Nommé d’abord bibliothécaire à Laybach, il s’empressa de partager ses appointements avec l’ancien titulaire, pauvre érudit allemand qu’on venait de destituer. Puis, dans la même ville, il fut directeur d’un journal, le Télégraphe illyrien, qui se publiait en quatre langues parlées dans la Carniole, le français, l’italien, l’allemand et le slave. Il y inséra de nombreux articles de science et de littérature, pendant qu’il étudiait avec soin les mœurs originales d’une contrée où plus tard il plaça la scène de quelques-unes de ses compositions.

À son retour en France, après l’abandon des provinces illyriennes, il prit part à la rédaction du Journal de l’Empire. M. Geoffroy, atteint de la maladie à laquelle il succomba, avait lu quelques articles manuscrits de M. Nodier ; ils lui plurent, et, si je suis bien informé, il consentit, dans l’intérêt du journal, à leur donner le patronage de son nom. Le public les goûta. Geoffroy rajeunit, disait-on. Quelques jours après le célèbre critique n’était plus, et le nom de Nodier, obscur encore, ne trouva plus la même faveur. Homme nouveau, il eut à subir les dégoûts qui attendent toujours le talent à ses premiers efforts pour se produire.

M. Nodier s’était cru, de bonne foi, l’une des