d’une vie qui ne serait employée qu’à réfléchir aux moyens de la prolonger ? Guise recevait avec distraction les avertissements prophétiques des plus timides de ses partisans. Il se fiait à sa fortune, et ne répondait aux prédictions sinistres de ses amis que par ces mots : « On n’oserait. »
Le roi s’étudiait de son côté à augmenter sa sécurité. Il était pour lui prodigue de prévenances ; il affectait même avec lui une familiarité de bonhomie, et semblait chercher à soulager la mauvaise humeur que devait lui causer sa position, par des épigrammes et des plaisanteries qui déguisaient mieux ses projets que des caresses affectées ; enfin, et pour preuve solennelle de sa sincérité, il communia publiquement avec lui, et jura sur les Évangiles de maintenir le traité d’union.
Le vendredi 23 décembre, le duc est mandé par le roi de grand matin pour assister au conseil. Comme il traversait la cour du château, des soldats de la garde écossaise s’approchent de lui, et le prient de leur faire payer leur solde arriérée. Il voit avec plaisir que les propres serviteurs du roi s’adressent à lui de préférence à leur maître. Mais lorsqu’il est entré dans la salle du conseil, l’expression sinistre de quelques courtisans le surprend