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HENRI DE GUISE.

avec ses gardes et sa cour ; de part et d’autre on fut d’abord sur le qui-vive, et tout en observant les apparences de la confiance, on ne négligeait aucune précaution contre les surprises et la trahison.

Le roi ouvrit les États par un discours d’apparat qui fit une grande impression sur l’Assemblée, bien qu’elle fût prévenue contre lui. Après tant de concessions, tant de faiblesses, il retrouvait, à la surprise générale, des paroles pleines de raison et de dignité. Il exposa la situation du royaume, parla sans amertume des atteintes portées à son autorité, déclara qu’il voulait oublier le passé ; mais il demanda d’un ton ferme plus d’obéissance pour l’avenir.

Cette velléité de fermeté déplut fort au duc et l’alarma. Il se plaignit au roi de quelques expressions de son discours, et lui demanda de les supprimer dans le procès-verbal de la séance qu’on allait imprimer. Henri céda encore sans se faire trop prier. S’il lui restait des partisans dans l’assemblée des États, il était évident qu’ils devaient renoncer à soutenir les intérêts d’un prince qui de gaieté de cœur s’humiliait ainsi devant son ennemi. Dès lors les plus fougueux ligueurs eurent le champ libre pour faire à l’envi les propositions les plus incen-