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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

Paris, le duc de Guise faisait changer la plupart des officiers de la garde bourgeoise et les remplaçait par des créatures de sa maison ; en un mot, il prenait toutes les mesures capables de lui assurer la victoire s’il était obligé d’avoir recours à la voie des armes. La reine mère était restée à Paris ; il affecta de l’entourer de ses respects tout en lui faisant voir la force de son parti et l’impuissance du roi pour lui résister ; il ne doutait pas qu’elle n’instruisît son fils de l’état des esprits, et il pensait avec raison que ce prince pusillanime consentirait à acheter la paix par toutes les concessions qu’il voudrait lui dicter.

Henri, qui redoutait la guerre encore plus que le duc de Guise, rejeta pourtant les premières propositions qui lui furent faites ; mais bientôt le découragement et l’inconstance de son caractère lui firent prêter l’oreille aux envoyés de la Ligue. Le 15 juillet, il signa le traité de paix auquel il avait d’abord refusé de souscrire ; il s’engageait à ne faire aucune recherche contre les auteurs des barricades, à donner aux ligueurs, comme places de sûreté, Orléans et six autres villes, à nommer le duc de Guise lieutenant général du royaume, enfin à exiler le duc d’Épernon, son favori.