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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

pour regagner la confiance des ligueurs, que ses lenteurs avaient un peu refroidis.

Le roi, en le voyant, s’emporta d’abord contre sa désobéissance à ses ordres ; puis s’échauffant à mesure qu’il parlait, il lui reprocha vivement ses menées factieuses. Il l’accusa d’ameuter le peuple, de remplir Paris de gens sans aveu et d’étrangers suspects. « Sa patience était lassée, disait-il, et le temps était venu de faire justice des coupables. »

Un instant le duc de Guise se crut perdu ; on le vit pâlir et perdre contenance, il balbutia quelques mots d’excuse. Henri, satisfait peut-être de l’avoir humilié, et fier comme tous les petits esprits d’un avantage momentané, crut en avoir assez fait, et parut se contenter de quelques protestations vagues que la position du duc lui avait arrachées ; peut-être aussi la multitude rassemblée autour du Louvre, sur le bruit de l’arrivée de Guise, l’intimida-t-elle lui-même, et lui fit-elle craindre de précipiter une émeute qu’il ne pourrait plus arrêter. Le duc sortit du Louvre sans obstacles, et respira plus à l’aise au milieu de la foule qui le reconduisit à son hôtel en le saluant de ses acclamations. La garde bourgeoise de Paris vint lui demander le mot d’ordre, refusant celui du roi ; des députations