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nait un chasseur de chamois quand ses ardeurs de botaniste l’entraînaient dans la montagne.

Un jour qu’il nous avait permis de l’accompagner sur le Ventoux, nous le vîmes s’élancer tout à coup comme pour ramasser quelque chose et revenir presque aussitôt en tenant par la gorge un serpent dont la gueule s’ouvrait béante sous la pression de ses doigts, et dont la queue vibrait en tressaillements convulsifs.

— Regarde bien, mon enfant, nous dit-il ; une simple piqûre de cette jolie petite bête, et il n’en faudrait pas davantage pour nous envoyer, toi et moi, dans l’autre monde.