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J’ai reçu une lettre de M. Gavini, qui me fait part de vos projets pour cet hiver, et qui se réjouit fort à l’espoir de vous revoir dans ses États. J’ai vu assez souvent, avant d’aller à Londres, Madame votre sœur, qui a été charmante pour moi. Elle m’a mené au bois de Boulogne, et nous avons causé de mille sujets, mais pas de vous. Pourquoi ? Moi, je ne parle jamais de vous, mais j’y pense beaucoup. Je n’en parle pas, parce que j’en aurais trop à dire. Par une raison semblable, je ne vous écris pas toutes les fois que j’en ai envie. Au fond, j’ai peur de vous. Je ne me trouve pas assez philosophe pour me laisser aller à vous aimer, comme j’y serais peut-être porté. Je m’applique à