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magne. Si je n’avais un respect absolu pour la vérité, je vous dirais que, l’ayant mise sur mon cœur, elle a été réduite en cendres, mais vous ne me croiriez pas. Mon cœur est à présent dans l’état de mes poumons, c’est-à-dire une mauvaise machine détraquée qui ne sert qu’à faire enrager son propriétaire. À force de souffrir, on devient brute, et on oublie ses amis, ou plutôt on craint de les ennuyer de ses jérémiades. sans fin.

Je suis ici depuis le commencement du mois. L’impératrice a eu la bonté de m’inviter à passer ici le temps des grandes chaleurs et m’a dit que l’air de la campagne me ferait du bien. Je crois en effet que je