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L’INSPECTEUR GÉNÉRAL.

Khlestakof.

Oui.

Le Gouverneur.

Alors, quand donc ?… Vous aviez même, je pense, daigné faire allusion à un… mariage.

Khlestakof.

Je reviens tout de suite. Je vais chez mon oncle pour un jour. C’est un vieillard fort riche… Demain, je serai ici.

Le Gouverneur.

Nous n’osons pas vous retenir, dans l’espoir de votre prompt retour.

Khlestakof.

Je ne fais qu’aller et venir. Adieu, mon amour !… Non, je ne puis vous exprimer… Adieu, mon âme.

(Il lui baise la main.)
Le Gouverneur.

N’avez-vous besoin de rien pour la route ? Si vous aviez besoin d’argent ?

Khlestakof.

Oh ! non. Pourquoi donc ? (Se ravisant.) En effet… Oui, volontiers.

Le Gouverneur.

Combien vous faut-il ?

Khlestakof.

Vous m’avez déjà donné deux cents roubles, c’est-à-dire quatre cents, — je ne veux pas profiter de votre méprise. — Eh bien, donnez-moi encore autant, et cela fera huit cents roubles juste.

Le Gouverneur, (prenant l’argent dans son portefeuille.)

Vous allez les avoir. Tenez, voici précisément des billets neufs.

Khlestakof.

C’est vrai. Tant mieux. On dit que des billets neufs annoncent un bonheur nouveau.