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L’INSPECTEUR GÉNÉRAL

Par exemple, si vous me prêtiez trois cents roubles, ce serait une autre affaire : je puis bien emprunter.

Les Marchands, tirant de l’argent.

Prends, notre père. Qu’est-ce que trois cents roubles ? Prends-en tout de suite cinq cents, et sois-nous en aide.

Khlestakof.

À la bonne heure. C’est un prêt… qu’on ne réplique pas. J’accepte.

Les Marchands, lui offrant les roubles sur un plat d’argent.

Prends la soucoupe encore.

Khlestakof.

Va pour la soucoupe.

Les Marchands.

Pour une seule fois, prends le sucre…

Khlestakof.

Oh ! jamais ! des cadeaux je n’en veux pas entendre parler…

Osip.

Monseigneur, hé ! prenez tout de même. En route tout est utile. Allons, passez-moi ces pains de sucre et ces bouteilles. Bah ! tout servira. Qu’est-ce que cela ? de la ficelle ; passe-moi cette ficelle : la ficelle est toujours bonne en route. Il arrive un accident à la voiture, avec de la ficelle on raccommode tout.

Les Marchands.

Que Votre Excellence nous fasse cette grâce. Monseigneur, si vous n’accueillez pas notre requête, nous ne savons plus que devenir. Autant vaut se pendre tout de suite.

Khlestakof.

Comptez sur moi ; je ferai mes efforts…

(Les marchands sortent. — On entend des voix de femmes.)
Deux Femmes derrière la scène.

Non, tu n’auras pas le front de me chasser. Je me