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L’INSPECTEUR GÉNÉRAL

Le Directeur.

Tout à fait. (Se levant, et dans l’attitude officielle.) Je n’ose abuser plus longtemps de vos moments précieux. Auriez-vous quelques observations à m’adresser sur le service des postes ?

Khlestakof.

Rien du tout. (Le Directeur des postes salue et sort. — Khlestakof seul, allumant un cigare.) Ce directeur des postes est aussi, à ce qu’il me semble, un brave homme. Au moins il est serviable. C’est comme cela que j’aime les gens.



Scène V.

KHLESTAKOF, LE RECTEUR qu’on pousse dans la chambre.
Une voix, s’adressant au recteur.

Pourquoi avoir peur ?

Le Recteur, tremblant et dans l’attitude officielle.

Permettez-moi d’avoir l’honneur de vous offrir l’hommage de mon respect. Je suis le recteur du collège, le conseiller titulaire Khlopof.

Khlestakof.

Soyez le bienvenu. Asseyez-vous, asseyez-vous. Voulez-vous un cigare ?

Le Recteur, à part, toujours tremblant.

Ah ! mon Dieu ! et c’est la seule chose à quoi je n’avais pas pensé. Faut-il accepter ou refuser ?

Khlestakof.

Prenez, prenez. C’est un bon cigare. Dame ! ce n’est pas comme ce qu’on a à Pétersbourg. Savez-vous, là, mon petit papa, je fumais des cigares à vingt-cinq roubles le cent. Tenez, voilà du feu, fumez-moi cela. (Le