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L’INSPECTEUR GÉNÉRAL.

Le Juge.

Bah ! bah ! Cicéron, y pensez-vous ! Si j’allais me laisser un peu entraîner à lui parler d’un chien courant, ou d’un limier…

Tous, l’entourant.

Non, non, vous ne vous entendez pas seulement en chiens, vous savez organiser un dîner… Non, Ammos Fëdorovitch, ne nous abandonnez pas. Soyez notre père… Non, Ammos Fëdorovitch.

Le Juge.

Permettez-moi, Messieurs…

(En ce moment, on entend marcher, tousser et cracher dans la chambre de Khlestakof. Tous se précipitent en désordre vers la porte, se pressent et s’empêchent mutuellement de sortir. Ils y parviennent cependant, mais non sans quelques petits accidents. On entend des exclamations étouffées.)
La voix de Bobtchinski.

Aïe ! Pëtr Ivanovitch ! Pëtr Ivanovitch, vous me marchez sur le pied !

La voix de l’Administrateur.

Ah ! de grâce ! Messieurs… ah ! laissez-moi sauver mon âme au moins… Vous m’étouffez ! Je n’en puis plus.

(On entend encore quelques interjections : oh ! aïe ! etc. ; enfin tous sortent et la chambre demeure vide.)



Scène II.

KHLESTAKOF, seul, avec les yeux de quelqu’un qui a dormi trop longtemps.

Il paraît que nous avons pioncé comme il faut. Où diable ont-ils pris tant de matelas et d’édredons. Je suis tout en sueur. On m’a flanqué je ne sais quoi hier