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L’INSPECTEUR GÉNÉRAL.



Scène VI.

Les mêmes, ANNA ANDREIEVNA, MARIA ANTONOVNA.
Le Gouverneur.

Oserais-je vous présenter ma famille ? ma femme et ma fille.

Khlestakof.

C’est un grand bonheur pour moi, Madame, d’avoir celui de vous voir.

Anna.

C’en est un bien grand pour moi, Monsieur, de voir une personne si distinguée.

Khlestakof, avec galanterie.

Pardonnez-moi, Madame, au contraire. Cela m’est bien plus agréable.

Anna.

Vous vous moquez, Monsieur ; c’est la politesse qui vous fait parler. Veuillez prendre la peine de vous asseoir.

Khlestakof.

c’est assez de bonheur, Madame, d’être debout auprès de vous ; mais puisque vous l’exigez absolument, je m’assieds. C’est un grand bonheur, Madame, d’être enfin assis auprès de vous.

Anna.

Pardonnez-moi, Monsieur, je n’ose prendre pour moi… Je pense que venant de quitter la capitale, votre petite excursion vous a paru bien monotone.

Khlestakof.

Monotone, c’est le mot. Habitué à vivre dans le monde, comprenez-vous, et tout à coup se trouver sur une grande route… Des auberges sales, le manque