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L’INSPECTEUR GÉNÉRAL

ligne à ma femme, pour qu’elle se prépare à recevoir un hôte si distingué.

Khlestakof.

Oh ! Monsieur, ce n’est pas la peine… Au reste, voici l’écritoire… seulement du papier… je ne sais pas… Ah ! tenez ce compte, cela peut-il servir ?

Le Gouverneur.

Parfaitement. (À part, tout en écrivant.) Ah ! nous verrons comment iront nos affaires quand il aura tâté d’un déjeuner et des bouteilles à grosse panse… Nous avons le madère du gouvernement ; il n’est pas très-bien pour l’œil, mais il vous enfoncerait un éléphant. Je voudrais bien savoir quel homme c’est, et de quel côté il faut s’en garer. (Il écrit le billet, le donne à Dobtchinski qui se dirige vers la porte, mais en ce moment elle se détache et Bobtchinski qui s’y tenait collé, tombe avec elle sur la scène. Exclamation générale. Bobtchinski se relève.)

Khlestakof.

Vous êtes-vous fait mal ?

Bobtchinski.

Rien, rien du tout, pas la moindre des choses ; seulement sur le nez, un petit horion. Je cours chez Christian Ivanovitch. Il y a chez lui de l’emplâtre si bon qu’il n’y paraîtra plus.

Le Gouverneur, après avoir fait un geste de reproche à Bobtchinski.

(À Khlestakof.) Ce n’est rien. Je vous en supplie, Monsieur, veuillez passer… Je vais dire à votre domestique d’apporter vos effets. (À Osip.) Mon cher ami, tu porteras tout le bagage chez moi, chez le gouverneur ; tout le monde te dira le chemin. Je vous en supplie, Monsieur… (Il fait passer devant Khlestakof et le suit ; au moment de