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L’INSPECTEUR GÉNÉRAL

d’accord, à ce que je vois. Au lieu de deux cents, je lui en glisse quatre cents.

Khlestakof.

Osip ! (Osip entre.) Appelle le garçon. (Au gouverneur et à Dobtchinski.) Comment ! vous êtes debout ! Faites-moi donc le plaisir de vous asseoir. (À Dobtchinski.) Asseyez-vous donc, je vous en supplie.

Le Gouverneur.

Ne faites pas attention ; nous sommes bien,

Khlestakof.

Faites-moi donc la grâce de vous asseoir ! Ah ! je vois toute la cordialité et toute la franchise de votre caractère… Et moi qui m’étais imaginé que vous veniez pour me… (À Dobtchinski.) Asseyez-vous donc. (Le gouverneur et Dobtchinski s’assoient, Bobtchinski entr’ouvre la porte et écoute.)

Le Gouverneur, à part.

Allons, un peu plus d’audace. Il veut qu’on respecte son incognito. C’est bon, nous sommes à deux de jeu pour la comédie. Faisons semblant de ne pas savoir quel homme c’est. (Haut.) J’étais sorti pour des affaires de service, avec Pëtr Ivanovitch Dobtchinski, gentilhomme de ce pays, et nous avons voulu entrer dans l’hôtel pour voir si les voyageurs étaient convenablement reçus, parce que, voyez-vous, je ne suis pas comme bien des gouverneurs, qui ne se mêlent pas de ces affaires-là. Mais, moi, outre les affaires de mon administration, par pure charité chrétienne, je veux que tout mortel reçoive ici un bon accueil. Et c’est une récompense de mon zèle quand je trouve l’occasion de faire une connaissance si agréable.

Khlestakof.

Pour mon compte, j’en suis ravi. Sans vous, j’aurais été contraint de rester longtemps ici. Je ne savais comment faire pour payer.