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L’INSPECTEUR GÉNÉRAL.



Scène VII.

KHLESTAKOF, LE GOUVERNEUR et DOBTCHINSKI.
(Le gouverneur fait un pas en avant et s’arrête ; tous les deux, effrayés, se regardent l’un l’autre un moment, puis baissent les yeux.)
Le Gouverneur, prenant un peu de courage.

Bonjour, Monsieur…

Khlestakof.

Serviteur.

Le Gouverneur.

Pardonnez-moi si…

Khlestakof.

Comment donc… de rien…

Le Gouverneur.

Mon devoir, comme le principal magistrat de cette ville, c’est de prendre des mesures pour que les voyageurs et tous les gens comme il faut n’éprouvent aucun…

Khlestakof balbutiant d’abord, mais se rassurant et grossissant sa voix peu à peu.

Que voulez-vous… que j’y fasse… ce n’est pas ma faute… Je paierai… On m’enverra de chez moi… (Bobtchinski entr’ouvre la porte et regarde) C’est plutôt sa faute : il me donne du veau dur comme une planche ; de la soupe… le diable sait ce qu’on a mis dedans, et j’ai été obligé de la jeter par la fenêtre. Il me fait mourir de faim toute la journée… Du thé incroyable : il sent le poisson, pas le thé… Pourquoi donc… ? voilà une drôle…

Le Gouverneur, intimidé.

Pardonnez, Monsieur, ce n’est pas ma faute. Le veau que j’achète au marché est toujours bon. Ce sont des