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L’INSPECTEUR GÉNÉRAL

ne plaisante pas. Je fais ma plainte, et je vous fais fourrer en prison.

Khlestakof.

Assez, imbécile ! Descends, descends lui parler. Quelle brute !

Osip.

Il vaut mieux que je dise au maître de venir vous parler.

Khlestakof.

Eh ! je n’ai que faire de le voir. Parle-lui toi-même.

Osip.

Mais, Monsieur…

Khlestakof.

Va donc, le diable t’emporte ! Fais monter le maître d’hôtel.

(Osip sort.)



Scène III.

KHLESTAKOF, seul.

J’ai une faim terrible. J’ai fait un tour, pensant que cela me ferait passer l’appétit, non, le diable emporte, il ne s’en va pas. Ah ! si je n’avais pas fait des bêtises à Penza, j’aurais encore assez d’argent pour aller à la maison. Ce capitaine d’infanterie m’a joliment refait. Ce n’est pas pour dire, mais l’animal sait bien filer la carte. En un quart d’heure, il m’a tondu rasibus. Avec tout cela, je donnerais bien quelque chose pour me reprendre encore une fois avec lui. Si j’avais seulement trouvé ma belle ! Quelle vilaine petite ville ! Les pâtissiers ne donnent rien à crédit. Polissons ! (Il siffle l’ouverture de Robert et quelques airs russes.) Personne ne veut donc venir ?