Page:Mérimée - Les deux héritages, suivi de L'inspecteur général, 1892.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
L’INSPECTEUR GÉNÉRAL.
Osip.

Du tabac ? Il y a quatre jours que vous avez fumé le reste.

Khlestakof se promène en se mordant les lèvres. D’un ton décidé et terrible.

Écoute, Osip !

Osip.

Plaît-il ?

Khlestakof, d’un ton terrible mais moins décidé.

Descends.

Osip.

Où ?

Khlestakof, d’un ton qui n’est plus ni terrible ni décidé mais presque suppliant.

En bas, au buffet… dis qu’on me monte à dîner.

Osip.

Ah ! ma foi, non. Je n’y vais pas.

Khlestakof.

Comment, drôle !

Osip.

Et d’ailleurs, quand même j’irais, qu’est-ce que cela ferait. Le bourgeois dit qu’il ne veut plus vous donner à dîner.

Khlestakof.

Comment, il oserait ! Voilà un impudent maroufle.

Osip.

Il dit qu’il ira au gouverneur, parce qu’il y a quinze jours qu’on ne l’a payé. — Toi, dit-il, et ton maître vous êtes des polissons, et ton maître un escroc. J’en ai déjà vu, qu’il dit, des pique-assiettes comme vous.

Khlestakof.

As-tu fini, brute que tu es, de dire tes sottises ?

Osip.

Il dit : Cela vient, cela s’installe, cela prend à crédit, et on ne peut faire déguerpir cela. Mais moi, dit-il, je