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L’INSPECTEUR GÉNÉRAL

n’en dis rien ; on ne sait pas où cela va. Et pourquoi tout cela ? Pourquoi ? parce que monsieur n’est pas à son affaire. Au lieu d’aller à son bureau, monsieur se promène sur la Prechpective ; il fait sa partie. Ah ! si le vieux seigneur savait ce commerce-là ! Peut-être bien qu’il ne ferait pas attention que monsieur est employé du gouvernement, qu’il vous lui relèverait la chemise, et qu’il lui donnerait une dégelée à s’en frotter pendant une semaine. Comme tu sers, on te sert. Voilà le traiteur qui dit qu’il ne lui donnera plus à manger qu’il n’ait payé son mémoire… Et si nous ne payons pas… (Il soupire.) Hélas ! mon Dieu ! Tout ce que tu voudras, rien qu’une écuellée de soupe aux choux ! Je parie que tout le monde a déjà dîné à cette heure. On frappe. Ce doit être lui.

(Il se lève précipitamment.)



Scène II.

OSIP, KHLESTAKOF.
Khlestakof.

Tiens… (Il lui donne sa casquette et sa badine.) Eh bien ! tu t’es encore vautré sur le lit ?

Osip.

Moi ! Pourquoi donc me vautrer ? Je ne l’ai pas même regardé votre lit, moi.

Khlestakof.

Tu mens. Tu t’es couché. Il est tout défait.

Osip.

Comment ça se peut-il ? Je ne sais pas seulement ce que c’est qu’un lit. J’ai mes pieds. Je me tiens dessus. Je n’ai que faire de votre lit.

Khlestakof, se promenant.

Regarde dans la blague s’il y a du tabac ?