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L’INSPECTEUR GÉNÉRAL

chaises. C’est ainsi qu’on entraîne le gouvernement dans des dépenses.

Le Recteur.

Ah ! oui, il s’échauffe un peu trop. Je lui ai déjà dit… Il me répond : Comme vous voudrez, mais je me sacrifie pour la science.

Le Gouverneur.

À la bonne heure, mais comment savoir si c’est un homme d’esprit ou bien un ivrogne qui vous fait des grimaces à faire peur aux saints[1] !

Le Recteur.

Le Seigneur nous soit en aide ! Si vous saviez ce que c’est que l’enseignement ! Moi, je meurs de peur. En matière d’enseignement chacun s’y prend à sa manière, pour faire voir qu’il est homme d’esprit.

Le Gouverneur.

Tout cela ne serait rien. C’est ce maudit incognito. Figurez-vous qu’il nous tombe ici : — « Ah ! c’est vous, mes farceurs ? Qui est-ce qui est juge ici ? — M. Liapkine-Tiapkine. — Avance ici, Liapkine-Tiapkine. — Qui est-ce qui est administrateur des établissements de bienfaisance ? — M. Zemlianika. — Avance ici, Zemlianika. » — C’est le diable que cela !



Scène II.

Les Précédents, LE DIRECTEUR DES POSTES.
Le Directeur.

Dites-moi donc, Messieurs, qu’est-ce que c’est que cet inspecteur qui va venir ?

  1. Dans le russe : à emporter les saintes images. Il y a dans les appartements des images de saints dans un cadre, et les gens pieux ne souffriraient pas qu’on se permît une action indécente devant ces images.