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Un soir on avait prié Julie de chanter, je ne sais quel morceau. Elle avait une belle voix, et elle le savait. Elle s’approcha du piano, et regarda les femmes d’un air un peu fier avant de chanter, et comme si elle voulait les défier. Or, ce soir-là, quelque indisposition ou une fatalité malheureuse la privait de presque tous ses moyens. La première note qui sortit de ce gosier ordinairement si mélodieux se trouva décidément fausse. Julie se troubla, chanta tout de travers, manqua tous les traits ; bref le fiasco fut éclatant. La pauvre Julie quitta le piano tout effarée,