Page:Mérimée - Dernières nouvelles de Prosper Mérimée, 1874.djvu/35

Cette page n’a pas encore été corrigée

D'ailleurs, ajoutai-je, n'est-ce pas une chose déplorable qu'une langue disparaisse sans laisser de traces ? Depuis une trentaine d'années, le prussien n'est plus qu'une langue morte. La dernière personne qui savait le cornique est morte l'autre jour...

- Triste ! interrompit le comte. Alexandre de Humboldt racontait à mon père qu'il avait connu en Amérique un perroquet qui seul savait quelques mots de la langue d'une tribu aujourd'hui entièrement détruite par la petite vérole. Voulez-vous permettre qu'on apporte le thé ici ?

Pendant que nous prenions le thé, la conversation roula sur la langue jmoude. Le comte blâmait la manière dont les Allemands ont imprimé le lithuanien, et il avait raison.

- Votre alphabet, disait-il, ne convient pas à notre langue. Vous n'avez ni notre J, ni notre