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oreilles, et que le goudron s’en fondait[1] ! Et il n’y a pas là de quoi s’étonner, car les sorcières ont du vent quand elles en veulent, puisque c’est le diable qui le souffle. Cependant, mon cousin les entendait causer, rire, se trémousser, se vanter de tout le mal qu’elles avaient fait. Il y en avait quelques-unes qu’il connaissait, d’autres qui apparemment venaient de loin et qu’il n’avait jamais vues. La Ferrer, cette vieille sorcière chez qui vous vous êtes arrêté si longtemps, tenait le gouvernail. Enfin, au bout d’un certain temps, on s’arrête, on touche la terre, les sorcières sautent hors de la barque et l’attachent au rivage à une grosse pierre. Quand mon cousin

  1. Je n’osai interrompre mon guide pour avoir l’explication de ce phénomène. Serait-ce que la vitesse du mouvement produisait assez de chaleur pour fondre le goudron ? On voit que mon ami Vicente, qui n’avait jamais été marin, n’employait pas fort habilement la couleur locale.