Page:Mérimée - Dernières nouvelles de Prosper Mérimée, 1874.djvu/346

Cette page n’a pas encore été corrigée

leurs, Jésus ! mais une douzaine de vieilles femmes pieds nus et les cheveux au vent... Mon cousin est un homme résolu, et il avait un bon couteau bien affilé dans sa ceinture pour s’en servir contre les voleurs ; mais, quand il vit que c’était à des sorcières qu’il allait avoir affaire, son courage l’abandonna ; il mit la mante sur sa tête et se recommanda à Notre-Dame de Peniscola, pour qu’elle empêchât ces vilaines femmes de le voir.

» Il était donc tout ramassé, tout pelotonné dans son coin, et fort en peine de sa personne. Voilà les sorcières qui détachent la corde, larguent la voile et se lancent en mer. Si la barque eût été un cheval, on aurait bien pu dire qu’elle prenait le mors aux dents. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’elle semblait voler sur la mer. Elle allait, elle allait avec tant de vitesse, que le sifflement de l’eau fendait les