Page:Mérimée - Dernières nouvelles de Prosper Mérimée, 1874.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faisant présent d’un cigare. Il trouva l’argument irrésistible et commença de la sorte :

— Vous saurez, monsieur, que mon cousin se nomme Henriquez, et qu’il est natif du Grao de Valence, marin et pêcheur de son état, honnête homme et père de famille, vieux chrétien comme toute sa race ; et je puis me vanter de l’être, tout pauvre que je suis, quand il y a tant de gens plus riches que moi qui sentent la marrane. Mon cousin donc était pêcheur dans un petit hameau auprès de Peniscola, parce que, quoique né au Grao, il avait sa famille à Peniscola. Il était né dans la barque de son père ; ainsi, étant né sur mer, il ne faut pas s’étonner qu’il fût bon marin. Il avait été aux Indes, en Portugal, partout enfin. Quand il n’était pas embarqué sur un gros vaisseau, il avait sa barque à lui, et allait pêcher. A son retour, il attachait sa