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chaleur, qu’on eût dit qu’il payait la carte de ses propres deniers. Le compte qu’il me présentait tous les matins offrait une terrible suite d’items pour raccommodages de courroies, clous remis, vin pour frotter le cheval, et qu’il buvait sans doute ; et avec tout cela jamais je n’ai payé moins cher. Il avait l’art de me faire acheter partout où nous passions je ne sais combien de bagatelles inutiles, surtout des couteaux du pays. Il m’apprenait comment on doit mettre le pouce sur la lame pour éventrer convenablement son homme sans se couper les doigts. Puis ces diables de couteaux me paraissaient bien lourds. Ils s’entre-choquaient dans mes poches, battaient sur mes jambes, bref, me gênaient tellement que, pour m’en débarrasser, je n’avais d’autre ressource que d’en faire cadeau à Vicente. Son refrain était :