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ont vu ? Je ne voyage pas dans un but déterminé ; je ne suis pas antiquaire. Mes nerfs sont endurcis aux émotions sentimentales, et je ne sais si je me rappelle avec plus de plaisir le vieux cyprès des Zegris au Généralife que les grenades et l’excellent raisin sans pépins que j’ai mangés sous cet arbre vénérable.

Mon excursion à Murviedro ne m’a point ennuyé pourtant. J’ai loué un cheval et un paysan valencien pour m’accompagner à pied. Je l’ai trouvé (le Valencien) grand bavard, passablement fripon, mais, en somme, bon compagnon et assez amusant. Il dépensait prodigieusement d’éloquence et de diplomatie pour me tirer un réal de plus que le prix convenu entre nous pour la location du cheval ; et, en même temps, il soutenait mes intérêts dans les auberges avec tant de vivacité et de