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bien doux au cœur de l’homme. Federigo les éprouva tous à la fois ; mais songeant à sa fortune passée, il se rappela les douze fils de famille aux dépens desquels il s’était enrichi ; et, persuadé que ces jeunes gens étaient les seuls honnêtes joueurs auxquels il eût jamais eu affaire, il se repentit, pour la première fois, des victoires remportées sur eux. Un nuage sombre succéda sur son visage aux rayons de la joie qui perçait, et il poussa un profond soupir en gagnant la troisième partie.

Elle fut suivie de plusieurs autres, dont Federigo s’arrangea pour gagner le plus grand nombre, en sorte qu’il recueillit dans cette première soirée de quoi payer son dîner et un mois du loyer de son appartement. C’était tout ce qu’il voulait pour ce jour-là. Ses compagnons, désappointés, promirent, en le quittant, de revenir le lendemain.