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depuis trois ans qu’on ne te voit plus ? demandèrent à la fois tous les autres.

— En prières, mes très chers frères, repartit Federigo d’un ton dévot ; et voici mes Heures », ajouta-t-il en tirant de sa poche le paquet de cartes qu’il avait précieusement conservé.

Cette réponse excita un rire général, et chacun demeura convaincu que Federigo avait réparé sa fortune en pays étranger aux dépens de joueurs moins habiles que ceux avec lesquels il se retrouvait alors, et qui brûlaient de le ruiner pour la seconde fois. Quelques-uns voulaient, sans plus attendre, l’entraîner à une table de jeu ; mais Federigo, les ayant priés de remettre la partie au soir, fit passer la compagnie dans une salle où l’on avait servi, par son ordre, un repas délicat, qui fut parfaitement accueilli.

Ce dîner fut plus gai que le souper des