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à table, Federigo n’avait qu’un regret, c’était que son vin ne fût pas meilleur.

«  Sire, dit-il à Jésus-Christ :

«  Sire, je voudrais bien que mon vin fût meilleur ;

«  Néanmoins, tel qu’il est, je l’offre de grand cœur. »

Sur quoi, Notre-Seigneur ayant goûté le vin : « De quoi vous plaignez-vous ? » dit-il à Federigo ; « votre vin est parfait ; je m’en rapporte à cet homme » (désignant du doigt l’apôtre saint Pierre). Saint Pierre, l’ayant savouré, le déclara excellent (proprio stupendo), et pria son hôte de boire avec lui.

Federigo, qui prenait tout cela pour de la politesse, fit néanmoins raison à l’apôtre ; mais quelle fut sa surprise en trouvant ce vin plus délicieux qu’aucun de ceux qu’il eût jamais goûtés au temps de sa plus grande fortune !