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que Federigo, après avoir ruiné au jeu douze fils de famille (qui se firent ensuite malandrins, et périrent sans confession dans un combat acharné avec les condottieri du roi), perdit lui-même, en moins de rien, tout ce qu’il avait gagné, et de plus tout son patrimoine, sauf un petit manoir, où il alla cacher sa misère derrière les collines de Cava.

Trois ans s’étaient écoulés depuis qu’il vivait dans la solitude ; chassant le jour, et faisant, le soir, sa partie d’hombre [Jeu de cartes.] avec le métayer. Un jour qu’il venait de rentrer au logis après une chasse, la plus heureuse qu’il eût encore faite, Jésus-Christ, suivi des saints apôtres, vint frapper à sa porte et lui demanda l’hospitalité. Federigo, qui avait l’âme généreuse, fut charmé de voir arriver des convives en un jour où il avait amplement de quoi les régaler.

Il fit donc entrer les pèlerins