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riez pas mouche. Pour le pistolet, il faut une pratique continuelle. Je le sais par expérience. Chez nous, dans notre régiment, je passais pour un des meilleurs tireurs. Une fois, le hasard fît que je passai un mois sans prendre un pistolet ; les miens étaient chez l’armurier. Nous allâmes au tir. Que pensez-vous qu’il m’arriva, monsieur le comte ? La première fois que je m’y remis, je manquai quatre fois de suite une bouteille à vingt-cinq pas. Il y avait chez nous un chef d’escadron, bon enfant, grand farceur : « Parbleu ! mon camarade, me dit-il, c’est trop de sobriété ! tu respectes trop les bouteilles. » Croyez-moi, monsieur le comte, il ne faut pas cesser de pratiquer : on se rouille. Le meilleur tireur que j’aie rencontré tirait le pistolet tous les jours, au moins trois coups avant son dîner ; il n’y manquait pas plus qu’à pren-