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étendus des tapis de Perse. Déshabitué du luxe dans mon taudis, il y avait si longtemps que je n’avais vu le spectacle de la richesse, que je me sentis pris par la timidité, et j’attendis le comte avec un certain tremblement, comme un solliciteur de province qui va se présenter à l’audience d’un ministre. La porte s’ouvrit, et je vis entrer un jeune homme de trente-deux ans, d’une charmante figure. Le comte m’accueillit de la manière la plus ouverte et la plus aimable. Je fis un effort pour me remettre, et j’allais commencer mon compliment de voisinage, lorsqu’il me prévint en m’offrant sa maison de la meilleure grâce. Nous nous assîmes. La conversation, pleine de naturel et d’affabilité, dissipa bientôt ma timide sauvagerie, et je commençais à me trouver dans mon assiette ordinaire, lorsque tout à coup parut la comtesse, qui me rejeta