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velles. Mais, aussitôt qu’il commençait à faire sombre, je ne savais plus que devenir. Je connaissais par cœur le petit nombre de livres que j’avais trouvés dans les armoires et dans le grenier. Toutes les histoires que se rappelait ma ménagère, la Kirilovna, je me les étais fait conter et reconter. Les chansons des paysannes m’attristaient. Je me mis à boire des liqueurs fraîches et autres, et cela me faisait mal à la tête. Oui, je l’avouerai, j’eus peur un instant de devenir ivrogne par dépit, autrement dit un des pires ivrognes[1], tel que notre district m’en offrait quantité de modèles. De proches voisins, il n’y avait près de moi que deux ou trois de ces ivrognes émé-

  1. Il y a, dans le russe, un jeu de mots impossible à traduire : sdela’sa pianitseïou s’ goria, t. e. samym gorkim pianitseiou.