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santait ; moi, je haïssais. Enfin, certain jour, à un bal chez un propriétaire polonais, voyant qu’il était l’objet de l’attention de plusieurs dames, et notamment de la maîtresse de la maison, avec laquelle j’étais fort bien, je lui dis à l’oreille je ne sais quelle plate grossièreté. Il prit feu et me donna un soufflet. Nous sautions sur nos sabres, les dames s’évanouissaient ; on nous sépara, et, sur-le-champ, nous sortîmes pour nous battre.

» Le jour paraissait. J’étais au rendez-vous avec mes trois témoins, attendant mon adversaire avec une impatience indicible. Un soleil d’été se leva, et déjà la chaleur commençait à nous griller. Je l’aperçus de loin. Il s’en venait à pied en manches de chemise, son uniforme sur son sabre, accompagné d’un seul témoin. Nous allâmes à sa rencontre. Il s’approcha, tenant sa casquette pleine de